Algodystrophie

Algodystrophie

Informations sur l’algodystrophie

Aussi appelée syndrome douloureux régional complexe, il s’agit d’un syndrome se développant localement après un évènement douloureux, de façon disproportionnée par rapport à l'évènement initial et ne restant pas limité au territoire traumatisé ou opéré.
L’algodystrophie peut survenir à tout âge, y compris chez l’enfant. Toutefois les formes féminines semblent un peu plus fréquentes. Le syndrome douloureux touche les membres inférieurs dans 60% des cas et les membres supérieurs dans 40% des cas. Les extrémités distales sont le plus souvent atteintes, soit la cheville et le pied, soit la main et le poignet. Les atteintes de l’épaule ou du genou sont cependant non rares. Les formes multifocales ou récidivantes sont possibles.

Les traumatismes sont à l’origine de plus de la moitié des algodystrophies. Il n’y a pas de relation entre la survenue d’une algodystrophie et la sévérité du traumatisme. Elle peut même se déclencher dans les suites d’une intervention chirurgicale mineure. Le délai entre traumatisme et algodystrophie est variable (quelques jours à quelques semaines). La chirurgie, en particulier orthopédique, est une cause favorisante fréquemment retrouvée. De même, une rééducation trop intensive et douloureuse peut aggraver ou déclencher une algodystrophie. Les mécanismes précis de l’algodystrophie sont méconnus. Un dysfonctionnement du système nerveux central (intégration anormale de la douleur) et périphérique (dérèglement régional du système nerveux végétatif) est suspecté.

Cette complication reste toutefois rare (moins de 1% des interventions chirurgicales).

LES SIGNES CLINIQUES DE LA MALADIE

L’ensemble de ces signes apparaissent disproportionnés par rapport au traumatisme initial, parfois insignifiant, et évoluent classiquement en 3 phases:

1. Une phase « chaude » avec tous les signes de l’inflammation. Celle-ci apparaît quelques jours à quelques semaines après le traumatisme.

2. Une phase scléro atrophique, non douloureuse mais source de raideur. Elle s’étale sur 3 à 6 mois mais peut survenir d’emblée. La douleur s’améliore, et la peau en regard devient froide et bleuâtre.

3. Une phase séquellaire de récupération lente voire très lente s’étalant sur 6 à 18 mois. Mais on constate souvent des évolutions tronquées.

LES EXAMENS COMPLÉMENTAIRES

Les examens sont rarement nécessaires pour confirmer le diagnostic. On peut observer une décalcification radiologique localisée des os touchés.
La scintigraphie osseuse peut montrer une hyperfixation du produit radioactif dans des zones différentes de la zone opérée.

COMMENT LA TRAITER ?

Il n’y a pas de traitement consensuel et spécifique de l’algodystrophie. 

  • Repos : il est indiqué en phase chaude. L’immobilisation stricte est proscrite.
  • Rééducation : indispensable et occupe une place prépondérante dans la prise en charge de l’algodystrophie. La kinésithérapie doit être progressive et indolore lors de la phase chaude, associant physiothérapie à visée antalgique, balnéothérapie et drainage circulatoire. Au cours de la phase froide, la kinésithérapie vise à limiter les rétractions capsulo-ligamentaires et lutte contre l’enraidissement articulaire.
  • Traitements médicamenteux : les antalgiques (classes I et II de l’OMS) sont souvent peu efficaces, tout comme les anti- inflammatoires (AINS ou corticoïdes). Le recours aux morphiniques est fréquent.
  • D’autres thérapeutiques peuvent être associées :

- La neurostimulation transcutanée (TENS) pourrait avoir un intérêt sur les phénomènes douloureux.
- Anti-dépresseurs, vasodilatateurs, béta-bloquants...
- Les blocs anesthésiants sélectifs faits par des anesthésistes-algologues. Ces blocs sont des anesthésies locales ou loco régionales permettant, dans les cas graves, d’obtenir un soulagement temporaire des douleurs.
- La psychothérapie permet dans de nombreux cas de soulager les douleurs, de diminuer la durée d’évolution de la maladie et une reprise plus rapide de la fonction.

ÉVOLUTION

L’évolution est favorable dans la grande majorité des cas avec guérison dans 80% des cas en 12 à 18 mois. Dans 20% des cas, peuvent persister quelques douleurs mais surtout une raideur articulaire définitive. Le traitement a pour but de limiter les douleurs et de préserver la mobilité articulaire. Les séquelles à terme ne peuvent pas toujours être évitées malgré un traitement bien conduit et des thérapeutiques antalgiques délivrées dans les centres anti-douleurs spécialisés.
Votre chirurgien est le mieux placé pour répondre à toutes les questions que vous vous poseriez concernant cette affection. N’hésitez pas à lui en reparler.