Tendinopathie calcifiante

Tendinopathie calcifiante

QUEL EST LE PROBLEME ?

Les tendons de la coiffe peuvent être le lieu d’un dépôt de calcium (cristaux d’hydroxyapatite) responsable d’une tendinite calcifiante de la coiffe. L’origine est inconnue à ce jour et on ne peut, de ce fait, en prévenir l’apparition. Les calcifications intéressent le plus souvent la femme de moins de 50 ans et sont présentes dans 2 à 7% des épaules de la population générale. Dans la majorité des cas, elles sont indolores.

L’évolution naturelle de ces calcifications se fait vers la guérison spontanée : après une phase de formation, une phase de disparition (résorption) la suit, souvent responsable d’une douleur aigüe de l’épaule très invalidante (l'épaule pouvant même se retrouver transitoirement bloquée dans certains cas). Le délai entre la formation et la disparition spontanée est inconnu car propre à chaque personne.
De façon exceptionnelle les tendons de la coiffe sont rompus en même temps (1% des cas).
Les calcifications touchent le tendon du supra-épineux dans plus de 80% des cas.

On en décrit 3 types :

  • Type A : dense, homogène, contour net, unique (unilobée)
  • Type B : dense, homogène, contour net, multiple (plurilobée)
  • Type C : nuageuse, inhomogène

QU'EST CE QUE VOUS RESSENTEZ ?

La douleur est le principal symptôme. Elle peut être due à plusieurs facteurs :

  • Une hyperpression dans votre tendon.
  • Une grosse calcification peut entraîner un frottement du tendon sous l’acromion quand vous levez le bras.
  • La résorption de la calcification est une phase douloureuse car très inflammatoire.

Cette douleur peut survenir quand vous levez le bras mais également au repos, surtout la nuit (douleur inflammatoire). Elle peut évoluer par crises. Parfois l'épaule peut se bloquer (capsulite rétractile) en cas de crise douloureuse aiguë (notamment lors de l'évacuation naturelle) ou en cas de sous-utilisation du fait des douleurs chroniques.
Une grande partie de ces calcifications n’ont aucune répercussion sur votre état de santé, les patients ne se doutant pas qu’ils en sont porteurs.

COMMENT IDENTIFIER VOTRE PROBLEME ?

Tout d’abord l'examen clinique de votre épaule par votre médecin ou votre chirurgien est le préambule obligatoire.

Une radiographie de l’épaule de face 3 rotations : neutre, externe, interne et un profil dit de Lamy suffisent au bilan initial, permettant de faire le diagnostic, de classer la calcification, de la localiser et d’avoir une image de départ. En effet, il faudra suivre l’évolution par des radiographies régulières puisque l’évolution naturelle se fait vers la disparition spontanée (la phase souvent la plus douloureuse, amenant à consulter).

Dans la grande majorité des cas, il n'est pas nécessaire de faire d'autres examens complémentaires (échographie, scanner ou IRM).

COMMENT TRAITER VOTRE PROBLEME ?

Traitement médical
Il représente le premier temps du traitement. Le principe est de lutter contre la douleur, en attendant que la calcification se résorbe spontanément. Il associe :

  • Des médicaments antalgiques (contre la douleur) et des anti-inflammatoires.
  • Une ou plusieurs infiltrations de corticoïdes réalisées au mieux sous contrôle radiologique (radiographie ou échographie).
  • Des exercices de rééducation chez votre kinésithérapeute, dans le but de récupérer la souplesse de votre épaule et de travailler les muscles permettant d’abaisser la tête de l’humérus pour éviter que celle-ci ne frotte sous l’acromion.
  • Des exercices d’autorééducation (cf chapitre rééducation de l'épaule opérée) pour faciliter la récupération de la mobilité de votre épaule.
  • Repos relatif en évitant tous les travaux répétitifs et les efforts bras en l’air.

En cas de douleurs persistantes malgré le traitement médical, on peut envisager une ponction aspiration sous contrôle échographique ou des ondes de choc chez le kinésithérapeute, dans le but de "forcer" l'évacuation naturelle de la calcification.

Traitement chirurgical
Il est indiqué en présence d’une calcification douloureuse depuis plus de 6 mois (idéalement 1 an), résistante au traitement médical complet et dont l’aspect radiographique ne s’est pas modifié. Il consiste à enlever de façon la plus complète possible la calcification située à l’intérieur du tendon de la coiffe. Ce dernier pourra être réparé dans le même temps si la calcification est très volumineuse. Le but de cette chirurgie est d’améliorer la fonction globale de votre épaule en supprimant les douleurs de l’épaule et en restaurant une fonction la plus proche possible de la normale pour votre âge.

Cette intervention ne nécessite pas d’ouvrir votre épaule mais s’effectue de l’intérieur avec l’aide d’une caméra : c’est l’arthroscopie (cf chapitre arthroscopie de l'épaule). La durée de l’intervention est en moyenne d' 1/2 heure et s'effectue en chirurgie ambulatoire.
Un pansement volumineux est réalisé en fin d’intervention pour récupérer le liquide mis en place pendant l’opération (sérum physiologique) indispensable à la bonne vision de la caméra.
Un gilet coude au corps est placé avant votre réveil pour protéger le tendon éventuellement réparé.

Les suites de votre opération
Le lendemain de l’intervention, le volumineux pansement post-opératoire est relayé par des petits pansements simples, qui seront refaits par une infirmière à domicile jusqu’à l’ablation des fils (au 15ème jour environ).

Des exercices d’autorééducation vont seront enseignés pour récupérer le plus rapidement possible la mobilité de votre épaule (cf chapitre rééducation de l'épaule opérée).
Un traitement contre la douleur adapté vous est prescrit.

La première consultation de contrôle est effectuée au cabinet de votre chirurgien à 4 semaines post-opératoires pour ôter le gilet d’immobilisation et démarrer les séances de rééducation auprès de votre kinésithérapeute (n’hésitez pas à prendre votre premier RDV de kinésithérapie à l’avance pour que la première séance soit la plus proche possible de ce RDV chirurgical).

Le chirurgien vous revoit ensuite à 3 mois de l’intervention, date à laquelle vos tendons sont considérés comme cicatrisés. La durée d’arrêt de travail est variable (autour de 3 mois en fonction du travail réalisé et de l'évolution post-opératoire).

Les travaux de force ou les mouvements répétitifs les bras en l’air sont interdits pendant 3 mois.

QUELS SONT LES RISQUES PARTICULIERS DE VOTRE INTERVENTION ?

  • Les complications postopératoires immédiates sont rares. Comme toute chirurgie, il existe un risque d’hématome qui se résorbe en règle générale tout seul. Il peut exceptionnellement nécessiter une ponction évacuatrice ou un drainage chirurgical.
  • Il peut également survenir un trouble de cicatrisation cutanée. L’évolution est très souvent favorable avec la poursuite des pansements.
  • L’infection profonde est exceptionnelle. Elle peut nécessiter une nouvelle chirurgie et un traitement prolongé par antibiotiques. Il vous est fortement déconseillé de fumer pendant la période de cicatrisation, le tabagisme augmentant de manière significative le taux d’infection et diminuant le taux de cicatrisation des tendons.
  • La capsulite rétractile est une rétraction de la capsule de l’articulation entrainant une diminution de la mobilité passive et active de l’épaule. Elle est favorisée par l’immobilisation postopératoire. Elle récupère dans la grande majorité des cas, mais dans des délais plus longs. Pour diminuer ce risque, les kinésithérapeutes vous enseignent des exercices spécifiques de mobilisation de votre épaule dès le lendemain de l’intervention chirurgicale. Elle peut parfois entrainer une raideur partielle séquellaire.
  • L’algodystrophie est un phénomène douloureux et inflammatoire encore mal compris. Elle est traitée médicalement et peut durer plusieurs mois (voire parfois des années), entrainant une prise en charge spécifique avec rééducation adaptée, bilans complémentaires et parfois prise en charge spécifique de la douleur. Elle est imprévisible dans sa survenue comme dans son évolution et ses séquelles potentielles. Elle reste heureusement exceptionnelle.
  • Les lésions nerveuses sont exceptionnelles.
  • L'absence de cicatrisation tendineuse est la complication la plus redoutée. Elle est fortement dépendante du bon respect des consignes post-opératoires par le patient ainsi que le kinésithérapeute et de la qualité tendineuse et musculaire pré-opératoire.

La liste n’est pas exhaustive et une complication particulièrement exceptionnelle peut survenir, liée à l’état local ou à une variabilité technique. Toutes les complications ne peuvent être précisées.

En cas de problème ou si vous constatez quelque chose d’anormal après l’opération, il faut contacter votre chirurgien, car prendre en charge précocement une complication permet en général de mieux la guérir. Il pourra également vous rassurer si ce que vous ressentez est normal.

QUELS SONT LES RISQUES EN CAS DE NON-OPERATION ?

Aucun risque, puisque si vous ne faites pas l’intervention, la calcification disparaîtra spontanément un jour, c’est son évolution naturelle.