Disjonction acromio-claviculaire

Disjonction acromio-claviculaire

QUEL EST LE PROBLEME ?

C'est un traumatisme très fréquent par chute sur le moignon de l'épaule, touchant principalement les sujets masculins.

Il ne s'agit pas d'une luxation supérieure de la clavicule mais d'un abaissement brutal du membre supérieur.

COMMENT IDENTIFIER VOTRE PROBLEME ?

Le diagnostic se fait sur de simples radiographies standards de l'épaule. Aucun autre examen complémentaire n'est nécessaire.
La disjonction est classée en 5 stades (classification de Rockwood) :

Stade 1 : entorse par distension ligamentaire sans rupture associée

Stade 2 : rupture des ligaments acromio-claviculaires

Stade 3 : rupture des ligaments acromio-claviculaires et coraco-claviculaires

Stade 4 : rupture des ligaments acromio-claviculaires et coraco-claviculaires, avec déplacement postérieur de la clavicule

Stade 5 : rupture des ligaments acromio-claviculaires et coraco-claviculaires associée à une rupture musculaire du trapèze supérieur

COMMENT TRAITER VOTRE PROBLEME ?

Traitement orthopédique
Une immobilisation du membre supérieur par un gilet orthopédique coude au corps est mise en place dans le but d’éviter la chute du bras sous l’effet de la pesanteur. Il sera maintenu entre 10 jours et 1 mois en fonction du stade de la disjonction.

On pourra y associer un traitement antalgique et anti-inflammatoire les premiers jours ainsi que la pose d'une poche de froid. Le port de charges est interdit entre 1 et 3 mois en fonction du stade de la disjonction.

Le traitement orthopédique est systématique pour les stades 1,2 et 3 et à discuter au cas par cas pour les stades 4 et 5.
En cas d'échec du traitement médical (douleurs invalidantes à 1 an post-traumatisme), une intervention chirurgicale de stabilisation acromio-claviculaire secondaire est possible.

Traitement chirurgical
2 gestes sont associés :
- Réparation des ligaments acromio-claviculaires par suture directe, en chirurgie ouverte.
- Réparation des ligaments coraco-claviculaires par la mise en place d'un ligament artificiel sous assistance vidéo (cf chapitre arthroscopie de l'épaule). En cas de stabilisation acromio-claviculaire secondaire (en cas d'échec du traitement médical), un ligament naturel est ajouté car les ligaments coraco-claviculaires initiaux n'ont plus de capacité de cicatrisation naturelle.

En aigu, l'intervention devra avoir lieu idéalement avant la 3ème semaine post-traumatique, pour favoriser la cicatrisation ligamentaire. Elle s'effectue la plupart du temps en chirurgie ambulatoire, sous anesthésie générale. Les suites opératoires sont marquées par une immobilisation stricte dans un gilet orthopédique coude au corps pendant 4 semaines. La rééducation sera débutée à l'ablation du gilet et se concentrera sur la récupération de la souplesse de l'épaule. Le port de charges lourdes est interdit jusqu'à cicatrisation (3 mois post-opératoire).

QUELS SONT LES RISQUES PARTICULIERS DE VOTRE INTERVENTION ?

L'apport de l’arthroscopie a diminué nettement les risques de cette intervention.

  • Le risque d’hématome (saignement dans la zone opérée) ou d’infection (pénétration de microbes dans la zone opérée) est peu fréquent mais toujours possible.
  • Un risque de paralysie ou de perte de sensibilité de certaines parties du bras sont potentiellement possibles, mais exceptionnelles.
  • L’enraidissement, douloureux ou non, de l’épaule est la principale complication. Il peut être limité à l’épaule (capsulite rétractile) ou gagner tout le membre supérieur jusqu’aux doigts (algodystrophie). Ces complications sont la plupart du temps réversibles mais ralentissent nettement la récupération d’une épaule normale. Parfois on peut observer une raideur séquellaire.
  • Une petite perte de réduction acromio-claviculaire peut apparaître en post-opératoire par distension du ligament artificiel mais est souvent asymptomatique. Une rupture du ligament artificiel est toujours malheureusement possible mais reste rare.
  • Parfois les sutures situées au dessus de la clavicule peuvent irriter la peau et nécessiter leur ablation secondaire.

La liste n’est pas exhaustive et une complication particulièrement exceptionnelle peut survenir, liée à l’état local ou à une variabilité technique. Toutes les complications ne peuvent être précisées.

En cas de problème ou si vous constatez quelque chose d’anormal après l’opération, il faut contacter votre chirurgien, car prendre en charge précocement une complication permet en général de mieux la guérir. Il pourra également vous rassurer si ce que vous ressentez est normal.

QUELS SONT LES RISQUES EN CAS DE NON-OPERATION ?

Le risque principal de traiter orthopédiquement une disjonction acromio-claviculaire est de conserver des douleurs chroniques potentiellement invalidantes sur la face supérieure de l'épaule, notamment lors des efforts en force. Ceci est d'autant plus fréquent que le stade initial de la disjonction est grand. Mais dans la grande majorité des cas, une disjonction acromio-claviculaire chronique est parfaitement bien tolérée.
En cas de nécessité, une stabilisation secondaire peut être proposée mais elle donne souvent un résultat moins bon que si la chirurgie avait été effectuée en aigu ! La décision d'une chirurgie repose donc sur la discussion en consultation avec votre chirurgien, dans les 3 semaines suivant le traumatisme.