Tendinopathie dégénérative

Tendinopathie dégénérative

QUEL EST LE PROBLEME ?

A l’état normal, les tendons de la coiffe participent aux mouvements de l’épaule mais également à sa stabilité en empêchant que la tête de l'humérus ne monte sous l’acromion (cf chapitre anatomie de l'épaule). Après 40 ans, cet équilibre peut être perturbé par plusieurs phénomènes imbriqués les uns avec les autres. Le vieillissement naturel ou provoqué des tendons (le supra-épineux surtout) rend moins efficace l’abaissement de la tête humérale. Celle-ci remonte lors des mouvements de l’épaule et rentre alors en conflit avec l’acromion, créant ce qu’on appelle un conflit sous acromial. En fonction de la morphologie génétique de votre acromion, ce dernier altèrera plus ou moins rapidement vos tendons. On rentre alors dans un cercle vicieux responsable de l’inflammation des tendons à l’origine des douleurs que vous ressentez : c’est la tendinite dans le langage courant.

Il est important de comprendre que la grande majorité des douleurs viennent de l'usure tendineuse et non du frottement du tendon contre l'acromion (qui est présent avant l'usure tendineuse, de façon indolore).

QU'EST CE QUE VOUS RESSENTEZ ?

Les douleurs sont présentes quand vous levez le bras mais également la nuit, surtout quand vous dormez sur votre épaule. Attention, l’intensité de la douleur n’est pas fonction de la gravité de l’atteinte des tendons.

COMMENT IDENTIFIER VOTRE PROBLEME ?

Tout d’abord l'examen clinique de votre épaule par votre médecin ou votre chirurgien est le préambule obligatoire. Il permettra d’orienter le problème et ainsi de vous prescrire les bons examens.

Une radiographie de l’épaule de face (idéalement 3 rotations : neutre, externe, interne) et un profil dit de Lamy sont obligatoires avant tout autre examen car ils sont très informatifs. Une échographie est souvent associée pour avoir une première vision de l'état de votre coiffe (suffisant en cas de tendinopathie dégénérative non rompue).

S’il existe un doute sur une éventuelle rupture de la coiffe débutante, l'échographie est insuffisante et devra être complétée par une IRM ou un arthroscanner (scanner avec injection de produit de contraste).

COMMENT TRAITER VOTRE PROBLEME ?

Traitement médical
Dans tous les cas, il représente le traitement de votre tendinopathie. Il associe :

  • Des médicaments antalgiques (contre la douleur) et des anti-inflammatoires.
  • Une ou plusieurs infiltrations de corticoïdes réalisées au mieux sous contrôle radiologique (radiographie ou échographie).
  • Des exercices de rééducation chez votre kinésithérapeute dont le but est de récupérer la mobilité de votre épaule et de travailler les muscles permettant d’abaisser la tête de l’humérus pour diminuer le frottement sous l’acromion.
  • Repos relatif en évitant tous les travaux répétitifs et les efforts bras en l’air.


Traitement chirurgical
En cas d’échec du traitement médical bien mené pendant 3 à 6 mois.

Il consiste à enlever les éléments inflammatoires responsables des douleurs et à gratter l’acromion pour rétablir l’espace entre les tendons et l’acromion afin de supprimer la zone sur laquelle frotte vos tendons (acromioplastie).
Cette intervention ne nécessite pas d’ouvrir votre épaule mais s’effectue de l’intérieur avec l’aide d’une caméra : c’est l’arthroscopie (cf chapitre arthroscopie de l'épaule). Elle s’effectue sous anesthésie générale, complétée d’une anesthésie locorégionale de l’épaule pour contrôler les douleurs après l’intervention. L'intervention dure en moyenne 1/2 heure et s'effectue en chirurgie ambulatoire.
Un pansement volumineux est réalisé en fin d’intervention pour récupérer le liquide mis en place pendant l’opération (sérum physiologique) indispensable à la bonne vision de la caméra.
Un gilet coude au corps est placé avant votre réveil, à titre antalgique.

Les suites de votre opération

Le lendemain de l’intervention, le volumineux pansement post-opératoire est relayé par des petits pansements simples, qui seront refaits par une infirmière à domicile jusqu’à l’ablation des fils (au 15ème jour environ).
Un gilet coude au corps est mis en place pour mettre au repos l’épaule (à titre antalgique) mais sera ôté à la demande en fonction des douleurs ressenties.
Des exercices d’autorééducation vont seront enseignés pour récupérer le plus rapidement possible la mobilité de votre épaule (cf chapitre rééducation de l'épaule opérée).
Un traitement contre la douleur adapté vous est prescrit.

La première consultation de contrôle est effectuée au cabinet de votre chirurgien à 4 semaines post-opératoires pour démarrer les séances de rééducation auprès de votre kinésithérapeute (n’hésitez pas à prendre votre premier RDV de kinésithérapie à l’avance pour que la première séance soit la plus proche possible de ce RDV chirurgical).

Le chirurgien vous revoit ensuite à 3 mois de l’intervention, date à laquelle vos tendons sont considérés comme cicatrisés. La durée d’arrêt de travail est variable (entre 1 et 3 mois en fonction du travail réalisé et de l'évolution post-opératoire).

Les travaux de force ou les mouvements répétitifs les bras en l’air sont interdits pendant 3 mois. En cas de travail manuel de force ou répétitif (surtout les bras au dessus de la tête), une réflexion doit être menée avec le médecin du travail afin de diminuer les contraintes sur votre épaule pour la suite de votre carrière professionnelle, car l'acromioplastie ne protège malheureusement pas du risque de rupture de coiffe à l'avenir.

RESULTAT ATTENDU DE VOTRE INTERVENTION

Le but est de retrouver une épaule normale ou le plus proche possible de la normale, pour votre vie personnelle. Le résultat n’est pas garanti, comme dans toute opération. Il dépend en grande partie de l’état de vos tendons (degré d’usure), mais le bénéfice ressenti par le patient est réel dans la grande majorité des cas. Il persiste fréquement une douleur lors des travaux de force ou répétitifs les bras en l’air (l'usure tendineuse n'étant pas corrigée par l'intervention), qui peut être à l'origine d'une éventuelle inaptitude au travail.

QUELS SONT LES RISQUES PARTICULIERS DE VOTRE INTERVENTION ?

  • Les complications postopératoires immédiates sont rares. Comme toute chirurgie, il existe un risque d’hématome qui se résorbe en règle générale tout seul. Il peut exceptionnellement nécessiter une ponction évacuatrice ou un drainage chirurgical.
  • Il peut également survenir un trouble de cicatrisation cutanée. L’évolution est très souvent favorable avec la poursuite des pansements.
  • L’infection profonde est exceptionnelle. Elle peut nécessiter une nouvelle chirurgie et un traitement prolongé par antibiotiques. Il vous est fortement déconseillé de fumer pendant la période de cicatrisation, le tabagisme augmentant de manière significative le taux d’infection et diminuant le taux de cicatrisation des tendons.
  • La capsulite rétractile est une rétraction de la capsule de l’articulation entrainant une diminution de la mobilité passive et active de l’épaule. Elle est favorisée par l’immobilisation postopératoire. Elle récupère dans la grande majorité des cas, mais dans des délais plus longs. Pour diminuer ce risque, les kinésithérapeutes vous enseignent des exercices spécifiques de mobilisation de votre épaule dès le lendemain de l’intervention chirurgicale. Elle peut parfois entrainer une raideur partielle séquellaire.
  • L’algodystrophie est un phénomène douloureux et inflammatoire encore mal compris. Elle est traitée médicalement et peut durer plusieurs mois (voire parfois des années), entrainant une prise en charge spécifique avec rééducation adaptée, bilans complémentaires et parfois prise en charge spécifique de la douleur. Elle est imprévisible dans sa survenue comme dans son évolution et ses séquelles potentielles. Elle reste heureusement exceptionnelle.
  • Les lésions nerveuses sont exceptionnelles.
  • L'absence de d'amélioration clinique significative est la complication la plus redoutée. En effet l'usure tendineuse n'étant pas corrigée par l'intervention, elle peut générer des douleurs résiduelles identiques au pré-opératoire pour tout ce qui est mouvements bras au dessus du niveau de la tête.

La liste n’est pas exhaustive et une complication particulièrement exceptionnelle peut survenir, liée à l’état local ou à une variabilité technique. Toutes les complications ne peuvent être précisées.

En cas de problème ou si vous constatez quelque chose d’anormal après l’opération, il faut contacter votre chirurgien, car prendre en charge précocement une complication permet en général de mieux la guérir. Il pourra également vous rassurer si ce que vous ressentez est normal.

QUELS SONT LES RISQUES EN CAS DE NON-OPERATION ?

Aucun risque particulier. La tendinite peut évoluer vers la rupture des tendons, mais qui sera réparable par une intervention (cf chapitre rupture de la coiffe des rotateurs), dont le résultat est souvent plus garanti que la chirurgie de la tendinite de la coiffe décrite dans ce chapitre.